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Carte
Pérou |
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Notes Pérou |
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Note
24 Pérou: C' est pas le Pérou...
09.01.2004 Les motards sont
sympas... J'ai l'honneur d'être adoptée par de
vieux (= expérimentés) routards. C'est la première fois que je roule
avec d'autres, Didier (14 mois sur la route) et Simon
(3 ans à travers le monde). On affronte une traversée du désert de
1800 km le long de la côte péruvienne. Pendant longtemps, je ne
réalise pas que je suis au Pérou, cela pourrait être la lune ou le
Sahara (bien que je ne connais aucun des deux). Les couleurs varient
comme la palette de l'artiste à Zabriskie Point dans Death Valley. A
force de les suivre et de voir leur dos pendant des centaines de km
dans des lignes droites désertiques, et comme je n'ai pas tellement
de maisons à visiter pour mon projet, je m'occupe à les
photographier. On quitte la Panaméricaine en offroad. Sur un "on se
la descend cette petite dune?" de Didier qui n'en rate pas une,
Simon fait son baptême du désert et va s'ensabler.
En plein désert, 150 km d'un côté et
100 de l'autre sans vie, on croise Tua et Ingemar, deux cyclistes
suédois, qui font la Patagonie - Stockholm en vélo, ils ont quitté
Ushuaia il y a 1 an. Tua est enceinte de 6 mois et ils s'apprêtent à
rentrer chez eux. Ils ont un projet basé sur la communication pour
les enfants. A Lima, on rencontre aussi des belges qui s'occupent de
monter des écoles mobiles pour les enfants des rues.
Pendant les étapes Cuenca-Piura (540
km), Trujillo (440km), Lima (585km), Nazca (480km), notre phobie
devient vite la Policia qui ponctue la Panaméricaine. On se fait
arrêter, mais je n'ai toujours pas eu de PV depuis le début de mon
voyage (mes talents de négociatrice ou l'avantage d'être une
chiquita???). Didier s'en sort avec 20 soles (5 $) pour avoir
soi-disant traversé une ligne jaune.
A
Piura, on mangera les meilleures glaces du Pérou
et j'explose mon chargeur de batteries US parce qu'on est repassé
aux 220 volts.
Trujillo est une
jolie surprise, une oasis avec d'anciens palais aux balcons en bois
et aux grilles en fer forgé, on dort dans un palace tout déglingué
comme on pourrait en trouver en Inde et qu'on rêverait
d'acheter. On arrivera à
Lima de nuit, la police
nous escorte jusqu'à la Plaza des Armas, alors qu'on cherche notre
hôtel. Cette ville dite "triste", à cause de la brume, la
garua venant de la mer, qui la recouvre chaque matin, a été
fondée par Pizarro. Je vais voir sa tombe dans la cathédrale de
Lima. Moritz Thomsen (voir coups de
coeur) résume mon sentiment de l'Amérique Centrale et du Sud
dans son livre Le Plaisir le plus triste:
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"Et soudain, aux abords
de cette place (la Plaza des Armas), Pizarro avait surgi de
l'ombre, en armure, à cheval, chargeant l'épée brandie. Un
monument colossal, en bronze, haut de trois étages: une figure
d'une incroyable cruauté jugée sur un cheval féroce. (...) Je
venais de vivre plusieurs années dans un pays gangrené par la
corruption et les maux hérités des conquistadors, miné dans
ces fondations où la moitié de la population, asservie par les
hacendados, vivait à l'écart du système économique: des
Indiens accrochés aux bribes d'une ancienne culture, qui ne
suscitaient chez leurs maîtres que mépris et inspiraient aux
touristes de curieuses réactions nostalgiques et
sentimentales. (...) Un Péruvien au visage d'indien mais
vêtu d'un complet veston foncé, se tenait devant le
porche (...). Je lui adressai la parole: - Qu'est ce que
cela leur fait aux gens de Lima d'avoir cet homme dans leur
cathédrale? Ici c'est vraiment une star, non? - Nous
l'honorons en tant que fondateur de Lima, non en tant que
destructeur d'une culture et pour avoir massacré nos
malheureux indiens. Je le regardai bouche bée, corrompu lui
aussi, cet indien qui reniait son sang et, qui parce qu'il
portait un costume et une cravate, se serait senti insulté
d'être appelé par ce nom. (...) - Il déshonore votre
cathédrale pendeja. - Le corps que vous avez vu n'est pas
celui de Pizarro, dit l'indien et l'Eglise catholique n'est
pas non plus mon église. Sur un continent dont les
civilisations ont été détruites par les Espagnols et les
Portugais pèse désormais une nouvelle malédiction, accablant
une terre encore sous le choc qui en quatre cents ans
n'avaient pas pu s'accommoder de la culture venue d'Europe et
vivre décemment." |
Je quitterai Lima par les bidonvilles,
les poubelles brûlent le long de la route, on est loin des fastes de
la Plaza des Armas et des amoureux qui s'embrassent sur les bancs de
la calle piétonnière. Je pars avec Aristophane, (pas le poète grec
mais le petit gars d'Internet de l'hôtel España) vers Paracas. Je
retrouverai Didier et Simon à Nazca. Pete nous avait rejoint
entretemps à Lima.
Pour lire: Mario Vargas Llosa, La
Ville et les Chiens ou Histoire de Mayta. Originaire de
Lima, il s'était présenté aux élections contre
Fujimori. Pour écouter: Tania Libertad, si elle enregistre au
Mexique, elle est née au Pérou dans une des petites villes de la
côte nord peuplées de descendants d'esclaves africains. Costa
Negra et Africa en America Pour dormir: Hostal España,
une belle maison coloniale, transformée en galerie et en jungle, le
propriétaire est peintre, les tortues viennent vous mordre les
doigts de pieds, vue sur l'Eglise de San Franciso et la banlieue
accrochée aux collines. Exposition de crânes aux cheveux longs,
ossements, lambeaux de tissus anciens, fragments de poteries. Un
sujet de discussion: le futbol. "Belga?, ah si les diablo
rojo." J'apprends qu'il y a un jeune péruvien, Mendoza, qui joue à
Bruges
Paracas et les
Iles Ballestas: Les Iles Balletas sont les Galapagos des
pauvres, l'excursion ne coûte que 7 $ (+/- 600 $ pour les Galapagos)
et les Iles sont surpeuplées de phoques, de pingouins, de cormorans,
de pélicans, les dauphins jouent avec notre bateau au départ. On
passe par le candélabre, un géoglyphe précolombien tracé dans le
sable, dont on n'a pas vraiment l'explication. Paracas est une
magnifique réserve nationale, un petit guide monte dans la voiture
et nous conduit avec Aris à travers le désert. Je vois un condor et
les fameux flamands roses de trois couleurs. On peut camper dans la
réserve le long des plus belles plages du Pérou. Finalement, on
décide de retourner vers Pisco, plus animée. Nazca
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Les
lignes de Nazca ne sont visibles que du ciel. Dans la pampa,
se dessinent des
créatures vivantes, un colibri de 60 m, un condor, un singe de
80 m, un oiseau-serpent, des végétaux stylisés ou des êtres
fantastiques, des figures géométriques de plusieurs kilomètres
de long. Ces lignes, tracées dans le sol, sont une énigme pour
les archéologues en raison de leur quantité, de leur nature,
de leur taille et de leur continuité. On suppose qu'ils
auraient eu une fonction rituelle liée à l'astronomie. On
les retrouve sur les poteries Incas. Une des conclusions
serait donc que les Incas volaient en ballon. La BBC y a
consacré un reportage et émis l'hypothèse que les dessins
étaient faits pour le shaman dont l'esprit flottant sous
l'effet des drogues puisse les percevoir. Ce serait expliqué
par la présence de la baleine et du singe qui possèdent les
qualités dont le shaman a besoin pour ses voyages de
l'esprit. |
On
(Didier, Simon et moi + le pilote = plus de place) monte dans un
mini Cesna, une sorte de 2CV volante qui fait des ronds autour des
figures. Mon estomac suit le rythme en faisant des loopings à chaque
plongeon et il est content quand on revient sur terre (et moi aussi,
je ne suis pas le shaman).
Simon
décide de ne pas aller en Bolivie, c'est haut ce que certaines motos
ne supportent pas bien. Il préfère le soleil chilien à la pluie
bolivienne et est tombé amoureux de Buenos Aires qu'il va rejoindre
au plus vite. On continue Didier et moi de Nazca à Cusco. Cette
route dont on ne savait rien, est une pure merveille, une des plus
belles de mon voyage, 660 km de virages, on s'élève à 4500 mètres,
l'environnement est surnaturel, la nature devient austère, les
sommets enneigés se reflètent dans des lacs au sein d'un paysage
infini de steppes désertiques. A 4200 mètres, des flamands roses
barbotent dans une lagune à côté des centaines de lamas sauvages. On
a de la chance, le soleil brille et réchauffe un peu la plaine
glaciale. Aux alentours de Chalhuanca, la route longe
l'Apurimac. Les montagnes plongent dans la rivière furibonde,
on passe sous les rochers qui se sont
éboulés.
Patrimoine Mondial de l'Unesco
Catherine, 17 janvier
2004.
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Note 25 Pérou: Cuzco, Rayon
cadeaux
Cuzco , ce n'est pas seulement
l'empereur mégalo, mais la capitale de l'empire Inca située à 3400 m
et cela veut dire nombril en quéchua.
C'est le rendez vous de tous les voyageurs en Amérique du Sud (400
000/an) pour
la présentation de la saison hiver des ponchos
péruviens.
En
accessoire:
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-
le chullitos (bonnet) en alpaga * - la
paire de gants motifs lama - le
sac d'un tissage indien qui a une longue histoire -
la couverture en longs poils d'alpaga
véritables pour la photo de bébé tout
nu - un sac de
couchage - 5 ° pour faire l'Inca Trail
- la broche
en petites poupées indiennes tricotées - les bijoux
en argent travaillé, en pierre ou en petites perles peintes en
terre cuite, vendus dans la rue ou chez Chimu Art et Gifts,
Carmen Alto 187b San Blas - le décor,
la pierre aux 12 angles, les vestiges des murs Incas façonnés
avec d'énormes blocs non jointifs à cause des
séismes - se saouler
à la bière Cusqueña ou au Pisco Sour (eau de vie,
citron vert, angostura, blanc d'œuf, cannelle, glace
pillée) - aller voir
à la Casa Cabrera les photos en noir et blanc des indigènes de
la région, par Martin Chambi, le "Nadar de Cuzco" -
chiquer des
feuilles de coca contre le mal
d'altitude -
lire la
Cité perdue de Incas, le récit de la découverte du Machu
Picchu par Hiram Bingham lui-même - sur une musique de flûte
de pan du groupe Wayanakai Inca
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* La laine
d'alpaga est une des plus fines du monde. Elle est douce comme le
cachemire et sept fois plus chaude, trois fois plus forte et elle
est aussi plus légère que la laine de brebis. Pour
résister aux nuits extrêmement froides (- 25° C), l'alpaga développe
un pelage très épais, doux et fin. Les nuances de couleurs vont du
blanc aux bruns foncés avec des reflets gris jusqu'au noir profond.
Note 26 Pérou: Machu Pitchou
*
Seul
le train (ou l'Inca Trail) permet d'atteindre le site mythique du
Machu Picchu .
Il faut compter 2 heures à partir d' Ollantaytambo jusqu'à Aguas
Calientes, plus trente minutes de bus pour se hisser jusqu'à un
sommet à en couper le souffle, un ésotérique rêve de pierres qu'on
escalade pour communiquer avec les esprits. Le décor est immuable,
la cité est suspendue sur une hallucinante plate-forme, perdue au
milieu de gorges sans fonds, de pics vertigineux et du rio Urubamba.
De quand datent les murailles, le système d'irrigation, les
terrasses et les rampes suivants les escarpements rocheux? Le Machu
Picchu reste une énigme. Il a probablement été la création urbaine
la plus stupéfiante de l'Empire inca à son apogée. Mais les Incas ne
connaissaient pas l'écriture et les espagnols ne l'ont jamais
découverte, la cité en surplomb est invisible depuis la vallée.
C'est seulement en 1911 que Hiram Bingham, l'explorateur américain,
découvre le Machu Picchu, couvert de végétation.
J'arrive
tôt le matin, les écharpes de nuages flottent dans l'air, le Huayna
Picchu émerge lentement. Malgré les nombreux touristes (1000/jours
en basse saison) et l'arrivée des marcheurs de l'Inca Trail, le site
garde sa magie et son mystère. Le Machu Picchu est inscrit sur la
liste de l'Unesco des sites naturels en danger, il glisserait
d'1cm/mois menaçant d'un affaissement de terrain la vallée. Mais
c'est une affaire qui tourne, il y a un projet de téléphérique,
l'exploitation du site rapporte des mios de $ au gouvernement
péruvien, dont la mauvaise distribution aux gens de la région
extrêmement pauvre est critique.
Pitchou, petit nom affectueux en
lidjeu, comme binamé, honey, mi corazón
22.01.2004 La vallée
sacrée
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La vallée sacrée
s'étale au plus profond du canyon Urubamba où s'égrènent les
petits villages de Pisac à Ollanlaytambo. Chaque village a son
marché, où les Indiennes viennent à pied parfois de loin, avec
leur bébé sur le dos dans leur manta, chapeau haut de forme,
teint de bronze et cheveux tressés, pour vendre à même le sol
des maïs violets, orangés, nacrés ou jaunes, des pommes de
terre à la peau noire ou toute blanche, des citrons verts
luisants, des papayes comme des lampions oranges, des
empilements de laine tissées de teinte fluo, des
micro-grenouilles grises débordant de leur seau avant de finir
dans la soupe, des feuilles de coca vendues en vrac ou en sac.
"Mamita, mamita,...", m'appellent-elles. |
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On va dans les
petits villages de Lamay, Calca, Urubamba, pour rencontrer les
gens. Il y a une telle misère, une petite fille est sans
souliers dans la boue, un petit garçon porte un training
décousu, fermé seulement par des épingles de sûreté. On
s'arrêtera sur les hauteurs dans un village de maisons
d'adobe. On s'enfonce dans la gadoue au milieu des ânes à
poils longs et des cochons noirs pour mon " immersion
quéchua". Une abuela promène ses lamas. Didier filme
les qq habitants et leur fait voir. Tout le monde, de la
chiquitita à la grand-mamita, se pousse pour
être sur la pellicule et éclate de rire quand ils se
voient. |
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Note 27 Pérou: Dans Inca comme dans
l'autre, le Lac Titicaca
Titicaca, cela fait bien rire, et dans le
registre scato, il y a aussi un Lac Poopo en Bolivie. Et, Titicaca
veut dire Puma-Lièvre en Aymara. C'est le berceau de la mythologie
Inca Tiwanaku. Le Dieu Viracocha aurait surgi des eaux du Titicaca
pour créer la Lune (quila), le Soleil (inti) et les étoiles
(wara).
On part en bateau sur le bleu lapis-lazuli,
azur, foncé, clair, cobalt, pastel de 8000 km²
du Lac
pour aller visiter les Iles flottantes et l'Ile Taquile. Dans
la baie de Puno, il y a une quarantaine d'îles flottantes sur
lesquels vivent les descendants des indiens Uros qui subsistent de
la pêche, la production de canard et d'œufs et du tourisme. Il y a
une île école, une île hôpital, les maisons sont en roseaux, l'île
est en roseaux (date de péremption +/- 12 ans), les bateaux sont en
roseaux, le cœur de roseau se mange et ensuite on se brosse les
dents avec le roseau. Les îles sont reliées entre elles pour ne pas
dériver avec le vent. A 3800
m, l'air est si pur que l'on peut voir l'Illimani (6420m) à 250 km
de là en Bolivie.
Au large du lac,
on grimpe sur l'Ile Taquile à 4000m vers le village aymaras.
Les indiens aymaras sont organisés en communauté et travaillent en
coopérative. Les hommes tricotent des bonnets et des pulls, les
femmes tissent des chemises. Ils courent comme des cabris, ils ont
une cage thoracique surdéveloppée et des pommettes violacées dues à
un extra de globules rouges. La position du bonnet ou la couleur de
la jupe indique si la personne est mariée ou non.
Depuis Puno, la voiture a des crises
d'asthme au démarrage dues à l'altitude, pas assez d'oxygène?
problème d'injection??? Le "guérisseur" local la fait démarrer, à
l'aide de feuilles de coca ?!.
Dans la série des +: le plus haut lac
du monde, à 3800 m d'altitude.
Catherine, 25 janvier 2004.
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