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Note 61 Inde/ Goa Hippie
youppie
9.01.05
Après les joies du voyage à plusieurs, mon prozac, c'est Goa
et la vie en communauté. Je prends le train ultra rapide qui
relie Delhi à Goa en 26h. Dans notre compartiment "touriste",
Jimmy un américain qui vit en Inde, ex-moine, il organise les
déplacements du Dalaï Lama et Eyleen et Tommy, 2 quinquas
fraîchement débarqués de leur douche écossaise qui font des
bonds de joie à chaque station en vénérant le soleil. Ils sont
tous en recherche de spiritualité et mangent en position du
lotus les repas végétariens servis dans le train jusqu'à peut
plus.
10.01.05-21.01.05
Goa-Benaulim Il y a une kyrielle de
plages à Goa, où est mon petit coin paradisiaque entre les
rave parties de Vagator ou Anjuna, les huttes de bambou à
Palolem, le calme de Benaulim,... Anna et Tom (All.), à moto,
Eyleen, Tommy, Jim, tous sont multi-récidivistes à Benaulim,
un village de pêcheurs, 10 km de ligne droite de sable
fin,
d'espaces sauvages et tranquilles.
Je marche beaucoup, c'est l'été
indien tatatam ¯...
sur une plage un peu comme celle-ci ...
¯on
ira où tu voudras, quand tu voudras... ¯toute
la vie sera pareille à ce matin ... aux couleurs de l'été
indien ¯.
Il fait beau, pas étouffant, une bonne brise souffle...
le sable est doux, la mer chaude. Il y a qq vaches qui se
baladent nonchalamment et un défilé de vendeurs de paréos et
de bricoles déjà vues juste pour me rappeler que je suis
toujours bien en Inde. Je regarde toutefois l'horizon avec
l'angoisse qu'un tsunami n'avale la plage dans ses
abysses.
Friends: Nadia et Vinod,
elle est belge et il est indien, ils ont un petit garçon
Surya. Elle, "elle l'a fait": ouvrir sa guesthouse (Hotel
Ragini à Naggar dans le Nord). Ils tiennent une gargote sur la
plage, le Hawaï Beach Cafe, font une grande table où on mange
du poisson et des salades grecques. Jon, il a quitté la
grisaille de l'Angleterre et sillonne Goa sur sa vespa. Il
connaît par cœur les vendeuses de plage "Remember me?", Mr
Cashewnut, Mr Peanuts qui n'ont pas 10 ans et dit qu'à force
d'avoir vu le spectacle de la petite funambule ambulante, il
pourrait marcher sur la corde (ce qui enverrait illico
in-the-air, les pauvres pas plus grosses qu'un crayon qui en
tiennent les 2 bouts). Danny, anglais, polyglotte, il parle le
français avec l'accent de Marseille et le néerlandais. Il
s'occupe des platines et passe du Marvin Gaye ou James Brown
bien bluesant. Didier, un frenchie, blondi et buriné par le
soleil, qui fait planer ses cerfs-volants et jongle avec le
feu. Sandra et Andréa, 2 suisses, qui passaient par là, et qui
n'ont pas dit non à un "hep, les filles, venez goûter la bière
et les lasagnes". Ce n'est pas vraiment l'Inde mais c'est la
dolce vita. On s'assied face au soleil qui se couche, un
spectacle qui fascine toujours et toujours, la soirée se
prolonge tard dans la nuit. Didier retrace la carte du monde
"rose", les sociétés matriarcales où les femmes tombent les
mâles pour ngolo ngolo dans la case, les plages de gigolos
pour Catherinettes sur le tard genre Abs Fab et les hétéros
dreadlockés qui grattent la guitare et plaisent aux filles...
Et on contemple la lune qui s'élève au milieu de la voûte
céleste. Je partage ma chambre avec une grenouille "il vous
tient compagnie", me dit Mme D. Souza de la pension de
famille. Je n'ai pas eu le courage de tester si c'était my
charming prince.
Je pars en expédition (4 bus
publics, extensibles à l'infini, il n'y a plus de places mais
on s'entasse encore... avec les poules et les poissons, les
juges et les journalistes ont priorité pour s'asseoir mais je
doute qu'ils prennent ce genre de bus...) sur les
marchés. - Le marché
aux puces d'Anjuna où les hippies venaient dans la période
mythique échanger leur fouf, jeans et pataugas, pour se faire
qq roupies de sansonnet. Ils sont toujours là et
confectionnent des fringues HYPE
et le marché est complètement envahi par les boutiques ultra
baba cool. Je m'assieds pour manger un gâteau à la carotte, je
suis entre 2 stands de substances hallucinogènes où viennent
se fournir qq junkies qui ont l'air de faire de mauvais
voyages. - Le
marché de Mapusa où plane la véritable âme de Goa au milieu
des marchands d'épices, des ferblantiers, des bijoutiers, des
merceries, des tas de piments, des montagnes de
bananes.
Avec la flânerie et les
résolutions 2005, je me trouve face à la question à 1 roupie
"Ca va être difficile le retour?" que j'éludais par un vague
"ce n'est pas tout de suite...", je réalise qu'il ne reste que
qq mois de cette tournée de la petite planète, le temps passe
comme ouf. Je ne veux pas
sortir de mon rêve. Cela me dope pour les mois à
venir.
A lire sur la plage: Vacances
indiennes, de W. Sutcliffe. Désopilant, un "routard-movie",
lui tout l'insupporte sauf les plages du Kérala pendant
qu'elle, elle se défonce au lassi (yoghourt) et se prend pour
Mère Térésa.
D. Souza Guesthouse, Goa,
Benaulim, 21 janvier 2005.
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Note 62 Inde/Karnataka
Hampi
22.01.05-26.01.05
Hampi
Un minuscule village, sans voitures, dans un chaos
minéral étonnant, de grosses pierres qui s'amoncellent les
unes sur les autres et des temples à chaque recoin. C'était
autrefois une vaste et ancienne cité royale.
Goan
Corner Je dors "de l'autre côté", cad
de la rivière, que je traverse dans un demi pamplemousse évidé
en bambou goudronné, en équilibre avec mes sacs à dos, à
ventre et à côté, + un trentaine de personnes, 2 vélos,
... Le Goan Corner est complet mais sa patronne m'invite,
si je veux, à dormir sur sa terrasse sur le toit avec un
matelas et une moustiquaire. Le plafond de la chambre, le ciel
et les palmiers, sky is the limit. La vue, les rizières, les
palmeraies, les ghats, le Virupaksha Temple et le Bazaar. Le
matin, les rayons du soleil me chatouillent le nez et le soir,
je regarde
les temples et les roches rouges se confondre et s'embraser
dans une lumière totalement apaisante. Le lendemain une
hutte se libère mais je reviens dormir ici la nuit de pleine
lune. La patronne du Goan Corner, Sharmila, est un personnage
hors du commun! Elle trône dans son restaurant et laisse
éclater à chaque seconde un énorme rire tonitruant. Elle gère
35 huttes et tout un petit monde à qui elle donne des surnoms
(je suis Miss Rooftop), qui ne décolle plus de chez elle
tellement on s'y sent bien. Il y a un groupe de grimpeurs, les
fumeurs de pétards, les backpackers qui n'en finissent pas de
raconter leur voyage et se défoulent de leurs galères en Inde.
Je rencontre Jean (Fr) et Miguel (Port.) qui roulent en
Enfield (moto), qu'ils ont achetée sur place. Ils se sont
rencontrés au Brésil, toujours en moto, et donc je me mets moi
aussi à disserter sur mes routes latino-américaines au volant
de mon auto.
Je
suis partie en vélo, cheveux au vent, musarder sur les petits
chemins de Hampi, à la découverte des temples. Les pierres ont
été utilisées pour leur construction, ils sont sculptés d'une
infinité de dieux et déesses, de danseuses, d'animaux, de
scènes de chasse ou guerrières... Ce qui fait aussi le charme
d'Hampi c'est sa perpétuelle animation. Ce n'est pas une cité
morte, la vie paysanne s'y déroule tout autour, mêlant leur
quotidien aux splendeurs du temps passé. J'ai laissé mon vélo
pour rejoindre dans une de ces nacelles un Dr indien qui vit à
Sydney, de passage pour une conférence, Pam une canadienne et
leur guide et aller voir le Vittala Temple (Patrimoine
Unesco), mon préféré, un temple ludique avec des piliers
musicaux. On tape sur le tambour d'une des apsaras et on en
entend le son en collant son oreille au pilier, ou celui de la
sitar, ou un son métallique, ...
Hampi,
26 janvier 2005
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Note 63 Inde/Karnataka A la recherche
du temple de Ganesh
Ma
tante est architecte et a dessiné un petit hôpital et un
temple à Halligudi pour l'association France-India Karnataka
Hospital. Elle n'y a jamais
mis les pieds et elle ne peut pas imaginer quand bien même
elle l'a dessiné à quoi ressemble son temple à Ganesh.
Je
pars donc sur la trace des archis de bout du monde de ma
tantine avec l'idée de lui envoyer une série de photos qui
l'ameneront là-bas "depuis sa mignonne petite chambre dont
l'horizon se clôt sur Felix Potin", comme elle
dit.
Mais où est Halligudi? Pas sur la carte. Elle me donne 2
indices, c'est dans le Karnataka, on peut s'y rendre apd
Bangalore. Je prends mon billet de train pour Bangalore en me
disant que je demanderai là. Mais sur Internet, je trouve
la longitude et la latitude et avec une carte routière et un
GPS, j'en déduis que c’est + près de Hampi que de Bangalore.
Mais à Hampi, personne ne connaît et on me renvoie à Anegondi,
à Lakkundi, bigoudis et tutti quanti… A force de
demander, on me conduit chez le vieux libraire qui hourrah
connaît le village, l’hôpital et même les
fondateurs.
26.01.05 Hampi
Je pars à Hospet, la gare la + proche de Hampi,
et là je prends un taxi pour Halli olé Gudi, à 75 km de là.
Halligudi veut dire "ancien temple".
Je
suis reçue par le Dr Hombannavar, qui suspend ses
consultations à mon arrivée. Je lui explique que je suis de la
famille de l'architecte et que j'aimerais visiter l'hôpital et
le temple. Les 2 font partie d'un même ensemble. Il me laisse
le temps de finir ses consultations avec un de ses assistants
avec qui je traduis en anglais des posologies de médicaments
qu’ils reçoivent en français … Le Dr Hombannavar partage son
repas avec moi. Il me raconte que le fondateur, le Dr Mahesh,
originaire d’Halligudi, vit à Paris. Il y a 3000 habitants à
Halligudi et il y avait tellement de monde que la salle
d'attente faisait office de place du village. Ils viennent de
planter des arbres tout autour. Mais l'hôpital ne bénéficie
pas de la visibilité d'une grande ville, me dit le Dr, et est
peu à peu déserté par les patients. Je visite le
temple de Ganesh, c’est très beau, le sol, le plafond, la
lumière joue entre les colonnes, Ganesh est paré de fleurs
...
Mission
accomplie. C’était
une chouette ballade, en dehors de tout, des gens gentils et
simplement simples, …
Sur
la route, des pèlerins ont décoré leurs boeufs et traversent
par famille entière les villages en charrette pour rejoindre
Khopal pour la fête de Jatra, une fête religieuse indoue,
… Le taxi s'y arrête pour que je puisse voir mais
cela frise l'émeute, cela s'aggrave encore quand je prends des
photos. Qq jours avant, il y a eu 260 morts lors d'une jatra
dans le sud de Bombay, le soir de pleine lune où la frénésie
religieuse atteint son paroxysme.
Halligudi,
27 janvier 2005.
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Note 64 Inde/Karnataka Mysore-misères
28.01.05
Le Karnataka fait partie de l'Inde du Sud, différente du Nord,
à l'atmosphère + relax, + moderne, + éduquée. Dans le train
pour Bangalore (500km de Hampi), je rencontre des Indiens
riches, 2 mots rarement ensemble, un businessman proche des
Gandhi, qui nous livre des secrets d'alcôve et un directeur de
marketing d'une boîte informatique de Bangalore. Bangalore,
"la Silicon Valley, n°1 du développement de software et sous
peu, l'Inde sera le première puissance économique mondiale,
les compagnies étrangères étant massivement en train de
s'installer", m'expliquent-ils dans leur version
égo-nomique.
Je commence à me sentir mal, le
masala (mélange d'épices) ne passe pas, ou au contraire
trop bien, pour la 3e fois depuis que je suis en Inde je suis
malade. Une armée de petits soldats est en train de se battre
dans mon ventre prêt à exploser, mon corps n'est plus sous
contrôle et je suis reliée à l'indian toilet du train toute la
nuit. A Bangalore, je décide de ne pas rester et achète un
billet de train pour Mysore à un guichet qui n'a rien de la
Silicon Valley.
A Mysore-misère, les collants et
usants taxis-rabatteurs-commissionnés me tombent dessus. Une
fois le rickshaw prépayé (prepaid = contrôlé par la police),
il me sort le laïus trop entendu de l'hôtel
"pas-bien-et-trop-cher" qui-l'eu-cru, il programme le tour des
shops de la ville pour me vendre tout ce dont je n'ai pas
besoin et finalement après qq remises au point, demande plus
que le prix convenu. Malade et au bord de la nausée, j'en
perds ma zen attitude "you, bad, bad".
Dans la rue, ledit développement
économique de l'Inde ne semble pas servir la cause des plus
pauvres. Des laissés-pour-compte avec les membres atrophiés
par la lèpre, des boursouflures sur le corps, des guenilles
sur le dos, sont étendus inertes effondrés. Ni améliorer la
condition des femmes, silhouettes noires derrière leur burkha,
leur prison d'étoffe.
Et au centre de Mysore, le
Maharadjah indifférent possède un somptueux palais qui
s'illumine de 97.000 ampoules le dimanche soir pour se
transformer en château de la Belle au bois dormant d'un parc
Disney décalé. Myriam, une jeune canadienne m'accoste,
est-ce qu'elle peut marcher avec moi, elle est suivie par 2
indiens dont elle n'arrive pas à se débarrasser. A 2, on se
sent + fortes.
Mysore c'est une ville
d'odeurs, encens, bois de santal, huile de Lotus,
safran.... Le marché en est un
condensé avec le lilas et le jasmin qui
s'amoncellent.
Prochaine étape: le Kérala
et Cochin. Je prends un bus de nuit (12h), beurk je n'aime pas
trop les routes indiennes, encore moins de nuit, mais pour le
train, je dois retourner à Bangalore. Il fait noir dans le
bus. A un moment, je sens qqchose dans ma nuque, le type de
derrière est en train de me caresser le cou. Je l'arrête, il
dodeline la tête comme les Indiens font. Mais plus tard, ce
pervers pépère qui semble me prendre pour Sharon Stone
dans Basic Instinct revient de l'autre côté
dans mes côtes. Je frappe sa main cette fois-ci de toutes mes
forces, avec l'énergie de ma peur, de mon dégoût, de mon
ras-le-bol... Il n'y a que des hommes dans le bus et je ne
sais pas si qq m'aiderait. Quand la lumière s'allume, je
le regarde fixement et dit en détachant chaque mot "DO NOT DO
THAT ANYMORE". Il prend un air de chien battu et heureusement
part s'asseoir à l'avant. Mais qui est en charge des codes de
bonne conduite ici?
Chaque jour, je refais la liste des + et
des - de ce pays, et la balance penche du mauvais
côté.
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Note 65 Inde/Kérala Cochin
Cochin est posée à fleur-d'eau
dans un labyrinthe de lagunes reliées par des canaux. C'est
l'Inde mélangée, portugaise, hollandaise, anglaise. Une
ambiance shanti-shanti (tranquilou), coloniale,
exotique, épicée, des odeurs de gingembre, poivre, cannelle
s'échappent des entrepôts.
01.02.05 D'Ernakulam, côté terre
principale, je prends le ferry public avec le lever du soleil,
2,5 roupies (0,045€) pour l'îlot de Fort Cochin. Je pars à la
recherche d'une guesthouse (GH). J'entends une voix "Are you
looking for a room?". "Yes." Et voilà comment j'ai rencontré
Subash qui chasse le backpacker dès 6h du matin pour remplir
les 6 chambres blanches du Home Stay. Est-il l'envoyé d'une
opération de reséduction de son pays? En tout cas, la
conversation dépasse les usuelles questions where
from-married-job-religion-age et il m'invite pour le petit
déjeuner. Son histoire? Son père les a abandonné, sa mère, sa
soeur et lui, quand il avait 9 ans et il travaille depuis tout
jeune pour aider sa famille. Il n'a pas fini l'école mais a
appris l'anglais avec un vieil avocat de Cochin et plonge son
nez dans un dictionnaire des synonymes pendant ses temps
libres. Il boulotte 24h/24 pour la GH et gagne 2500 Rs (45
€)/mois. Il a 28 ans et il est chrétien. Sa sœur a 26 ans, la
limite d'âge pour se marier. Mais ils n'ont pas l'argent pour
la dot. Il a pour objectif de marier sa soeur comme cela le
futur époux subviendra aux besoins de sa mère vieillissante et
sa sœur échappera au déshonneur. Ensuite, il aimerait étudier
pour écrire comme journaliste ou être musicien. Durant la
semaine, je découvre de nouveaux plats locaux (biryanis,
currys, légumes....), et j'ai droit à du chai, des noix
de coco, des ananas à volonté. J'apprends à manger avec les
doigts, ma main droite est utilisée comme une petite cuillère
et je fais glisser le riz dans ma bouche avec le pouce. Le
chapathi est jeté dans la sauce et chiffonné pour attraper les
aliments (pas facile pour la sauce). Sa maman lui apporte ses
repas, essentiellement du riz avec du sambal, un mélange épicé
et citronné. Elle a préparé des chapathis et un dal
(lentilles) qui a un goût de mangues pour moi. Si elle et les
2 femmes d'ouvrage sont réquisitionnées pour éplucher les
ananas, nettoyer les assiettes, elles ne sont pas invitées à
se joindre à nous et mangent dans la cuisine. Mais Subash a
besoin de 1 lak (100.000 Rs, 1785 €) pour le mariage de sa
sœur. Et petit à petit, il développe que W., son équivalent
dans une autre GH, un pauvre comme lui, peut faire un MBA en
hôtellerie grâce au sponsoring d'une européenne (aussi!
ajoute-t-il). Tout ça pour ça? Le touriste, c'est un jackpot,
à force de tirer sur la manivelle, parfois la timbale
tombe.
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Qui
d'entre nous se chargera de nourrir les affamés?,
demanda le seigneur Bouddha à ses disciples, alors que
la famine faisait rage à Shravasti.
Ratnakar, le banquier,
dit:" Il faudrait beaucoup plus que ma fortune pour
nourrir ceux qui ont faim". Jaysen, le chef de l'armée du roi,
dit: "Je donnerais joyeusement le sang de ma vie, mais
il n'y a pas assez de nourriture dans ma
maison". Dharampal, qui possédait de grands pâturages,
soupira: "Le dieu des vents a desséché mes champs, et je
ne sais comment acquitter les impôts du
roi". Alors
Supriya, la fille du mendiant se leva. Elle s'inclina
devant tous et dit humblement. "Je nourrirai ces
misérables. - Et comment? s'écrièrent-ils tous avec
surprise. Comment espères-tu accomplir ton
vœu? - Je
suis la plus pauvre d'entre vous, dit Supriya, et c'est
là ma force. Mon trésor et mon abondance, je les
trouverai à chacune de vos portes.
- Rabrindranath Tagore, " La
corbeille de fruit" en introduction de Rajid Rahnema
"Quand la misère chasse la
pauvreté." |
Je suis touchée par la pauvreté
des femmes. Mais il est difficile d'entrer en contact avec
elles. Les hommes sont dans les shops, dans la rue, partout,
mais les femmes, on ne les voit pas et elles ne parlent pas
anglais. Le dernier soir, Mère Teresa 2 est à Cochin, une
messe est célébrée en sa présence dans l'église de Santa Cruz.
La 1ère église catholique d'Inde, San Francis Church, a été
bâtie à Cochin en 1500.
Catherine, Cochin, 6 février
2005.
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Note 66 Inde/Kérala Les backwaters
07.02.05 Les backwaters du
Kérala, juste se laisser glisser au fil de l'eau, un univers
serein empreint de poésie où Nabuchodonosor et la reine de
Saba se fournissaient en bois précieux et en or. La végétation
est foisonnante, omniprésente sur les canaux bordés de
bananiers, tamariniers, hibiscus, papayers et
cocotiers.
Je fais deux incursions dans ce
labyrinthe aquatique, une apd Cochin, où je monte sur un
kettuvalam, un bateau à nœuds, d'anciennes barges à riz
que les bateliers font avancer à la force des bras en
s'appuyant sur d'immenses perches en bambou. Les planches sont
cousues entre elles avec de la corde de coco, il n'y a pas un
seul clou. Les embarcations sont rendues étanches en les
enduisant d'huile de sardines.
Et une seconde apd Allapey, un
des + grands embarcadères de house-boat. Un jour qq a eu
l'idée de reconvertir ces kettuvalam en mini-hôtel pour
nabab flottant. Ils ont été aménagés d'un toit en coco tressé
et d'une terrasse remplie de coussins à la proue et sont loués
pour 24h. avec 2 boatmen et un cuisinier. A faire en amoureux.
J'opte avec d'autres backpackers pour le bateau de l'office du
tourisme (DTPC) qui rejoint Kollam en une journée.
Et doucement sur les berges, la
vie des gens, les femmes en sari, les hommes en dhoti (pagne
en coton) qui se lavent sans le quitter, des sampans chargés à
ras bord de noix de coco, les villages enfouis dans les
palmiers, les églises coloniales, un ashram, les ferries qui
sillonnent ce réseau d'eau, les aigles, les martin-pêcheurs,
les aigrettes.
Pour lire: le livre d'Arudhati
Roy, "le Dieu des petits riens"
A Kollam, les dégâts du tsunami
sont visibles, il y a eu 170 morts. Pour ma part, je n'irai
pas plus au Sud, ni à Pondichéry et à Madras, touchés par la
catastrophe. Je pensais encore faire qq étapes jusque Maduraï
mais il est temps que je quitte ce pays, je n'ai pas l'énergie
pour un Maduraï-duraille.
J'entreprends alors une
remontée-traversée de toute l'Inde en train, du Sud à Bombay
(26h) et ensuite de Bombay à Calcutta (36h).
Catherine, Allapey, 9 février
2005.
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Note 67 Inde/ Bombay
10.02.05 J'avais dans
l'idée de prendre un avion
avec une Cie low cost comme Deccan airlines et puis tout
s'emboîte incroyablement. A Cochin, un train rapide part dans
l'heure en direction de Delhi et je peux descendre à Kalian
dans la périphérie de Bombay. Mais, je n'ai pas de siège
réservé donc ce sera la bétaillère pour 26h. A tout hasard, je
vais trouver le manager de la gare qui m'envoie chez le
directeur, qui téléphone à la dame des infos qui vient avec
moi chez l'inspecteur des tickets qui me trouve une
confortable couchette en 3AirCo. Mon voisin est un vieux Mr
écrivain qui me montre ses parutions écrites en malayalam
(langue du Kérala) et partage du poisson fumé avec
moi.
Ladies Only A Kalian, je saute dans un compartiment
bondé. Avec mes sacs à dos, je me sens comme une tortue
retournée sur le dos. Il n'y a pas de portes, on est
accroché(es) aux poignées extérieures, dehors les bidonvilles
les + grands d'Asie. Le train s'arrête seulement qq secondes à
chaque gare, et c'est le rush sortant et entrant. Il n'y a que
des femmes dans ce wagon Ladies Only, des écolières à tresses
et des vieilles grand-mère, des pauvres assises par terre avec
leurs paniers en osier et des wonder-woman avec leur portable,
des musulmanes couvertes de noir et des femmes en sari
magnifique, des très belles avec leurs cheveux noirs soyeux si
longs. Et elles sont aux petits soins pour moi, il y en a
toujours une pour m'aider ... mmm un moment de grâce, une
bulle de douceur.
Bombay est la ville d'Inde qui
connaît la + forte croissance économique. Pourtant comment
croire que ce développement ait amélioré en quoi que soit le
sort des millions de sans-toit venus tenter leur chance dans
ce nouvel eldorado du continent indien? Au nom de la
modernisation d'une grande métropole, la ville fait l'objet de
"nettoyages" radicaux (comme à Calcutta) repoussant les +
pauvres hors de la vue des bourgeois et des touristes venus
dépenser des devises.
Y
A faire: aller au cinéma/ voire avoir un rôle de
figurant dans un bon Bollywood (Bombay+Hollywood), ces
comédies musicales à l'eau de rose où un moustachu défie les
lois des mariages arrangés. YYY Un coup de coeur pour Shah Ruk Khan,
un des acteurs fétiches bollywoodiens. ¯
la BO de Swades, we the people.
Catherine, le
20 février 2005.
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