Rien ne peut rendre le fracas de l'eau, le bruit de tonnerre assourdissant, les millions de mètre cubes d'eau qui se déversent dans un enfer liquide, dans la "Gorge du Diable". L'eau bourgeonne d'écume blanche et disparaît dans un énorme nuage de buée. Rien ne peut rendre l'impression d'immensité, 30 rivières se jettent dans le Rio Iguaçu, il y a plus de 275 cascades, sur une longueur de 4,5 km, au milieu du bassin amazonien. Je suis hypnotisée par cette eau vivante, qui explose, se désintègre en milliards de gouttes, qui tourbillonne, s'effondre sous toutes sortes formes toujours différentes. Cela vaut un voyage ou alors, à défaut, de regarder le film "Mission".

Le 15 février 2004.

Buenos Aires    

Bs As a des allures européennes, les porteños ont un accent italien et la réputation d'être un peu bégueules. A en oublier presque que cette capitale a été bâtie en Amérique Latine. La première impression est celle d'une ville grandiose, aux allées trop larges (vestige des parades militaires?), aux immeubles hausmanniens, culturelle si on l'évalue au nombre de ses théâtres. Combien de français n'ai-je  rencontrés qui veulent s'installer à Bs As? Mais la 2e impression est celle de la crise qui s'est installée depuis 2001, les palais de la rue de Mai sont usés, les façades fatiguées. Le pesos a été divisé par 3. Le coût de la vie est un des plus bas d' AmSud, avec la Bolivie et la Colombie (1 repas: 2,5 $, 1 journal: 0,5 $). Il y a régulièrement des manifestations. Des hommes descendent dans la rue plusieurs fois/semaine avec casseroles et bâtons en huant les corrompus et frappent avec une obstination régulière les portes métalliques de banques installées dans des bâtiments impérialistes, pour montrer leur colère. Beaucoup d'enfants sont dans la rue, faisant des tours et jonglant aux feux, pour mendier qq pesos. " Que fait Evita?" L'épouse du Col Péron, Eva Duarte, cette bonne-fée-des-pauvres immortalisée au cinéma par Madonna dans le film opéra-rock Evita, a son musée. Son mausolée est un des plus visités du cimetière de la Recoleta. Bs As se visite en plusieurs quartiers: la Boca, avec ses maisons colorées en tôle ondulée, San Telmo et la place Dorrego où se tient le marché d'antiquités le dimanche, les docks transformés en bars branchés, la Recoleta chic, le Tigre, lieu de ballade dominicale sur les canaux du delta du Rio Paraná.

Buenos Aires qui tangue

On a de la chance, on arrive en plein festival de tango, on assistera à  - un orchestre au prestigieux théâtre Colon, le + grand édifice de Bs As,  - la finale du concours de Tango, avec la venue-surprise de stars présentes dans la salle,  - la Milonga, grand bal populaire, avec le chanteur et bandonéoniste Rubén Juárez et le guitariste Luis Salinas. Et les bandonéons pleurent... je suis touchée par les complaintes très rythmées, les  paroles où transpercent les peines, l'amertume, le lamento larmoyant, les amours éperdues. Une "pensée triste qui se danse". Les argentins connaissent par coeur les paroles, qu'ils fredonnent, émus jusqu'aux larmes. Et les corps se fondent de la joue au genou, l'homme fait plier la femme sous lui, jupes fendues et chapeaux feutre.

Parillas & Tenedor Libre On mange bien en Argentine, la viande est épaisse et le cabernet-sauvignon se boit sans se poser de questions. Les asados, le méchoui de mouton, les parillas, BBQ de bife de chorizo, bife de lomo, boudins, saucisses, poulet (pocho, double ll et y = ch avec l'accent chuintant argentin), à volonté dans les tenedor libre ou en plats pour familles nombreuses. D'excellentes glaces, avec des goûts aussi exotiques que marrons glacés en français dans le texte, tiramisu, chocolat de Bariloche, ... Pas étonnant que les français se sentent si bien ici. Les excès de nourriture carnivore sont compensés par le maté, un thé au goût âcre dont les argentins raffolent et qu'ils sirotent en infusion en tutant un chalumeau de métal plongé dans une petite calebasse où infuse la yerba arrosée d'eau bouillante, récupéré par Coca Cola.

Pour lire: Colm Toibin, Histoire de la nuit, Manuel Puig, Le baiser de la femme-araignée, Ernesto Sabato, Héros et tombes, et aussi José Luis Borges.
Pour écouter: Astor Piazzolla; Carlos Gardel pour ses tangos; Divididos "Vivo Aca"; Léon Gieco "El viva de Gieco", Mercedes Sosa, "30 años".
Pour dormir: Broadway, Corrientes, 1173, http://www.broadway-suites.com.ar/; Design Suites http://www.designsuites.com/, T.D de Alvear, 1683
Guesthouse, Cultural hostel: Canitas, http://www.canitashostel.com/; Sandanzas http://www.sandanzas.com.ar/ 
Pour boire un café: Café Tortoni, un des + anciens de Bs As, Garcia Lorca (Esp) et Pablo Neruda (Chi) s'y retrouvaient; Confitéria Idéal, les couples de tango dansent au 1er étage.

* Manuel Vasquez Montalban, Le Quintette de Buenos Aires

La boucle est bouclée... Simon a loué un appartement dans Buenos Aires avec Rachel, il nous invite à les y rejoindre, Didier arrive un jour après moi, ensuite Pete et Steffen qui reviennent d'Ushuaia. A l'exception d'Albert, qui skie en Autriche, l'équipe de San Juan del Sur (Nicaragua) est au complet. Depuis lors, on s'est croisé et décroisé, Panama avec Rachel et Simon, Xmas et Nouvel An avec Didier et Pete, le Pérou avec Didier et Simon, + Pete à Lima, La Paz Steffen, la Bolivie jusque Santa Cruz et le Carnaval de Rio avec Didier. C'est le point final de notre tour des Amériques, bien que Simon ait envie de repartir vers le Brésil, la Bolivie et le Macchu Pichu. 

Rachel & Simon	Albert	Didier	Mad Max Simon	Pete	Steffen	Catherine

Un court instant, il est question et/où j'espère très fort que mon ambassadrice sur terre, Béné, puisse venir qq jours en Argentine, et finalement ce n'est pas si simple dans la vie "réelle" et ce n'est que partie remise pour l'Inde. 

Bien que ce soit à l'opposé de la route prévue, je veux encore réaliser un rêve d'enfance et aller voir les Patagons et la neige, mais en avion cette fois ci. 

Fantasma.com, 18 mars 2004.

54 ° 55 ´ S, l'endroit le plus au sud du monde, le but ultime du voyage des japonais en vélo, des allemands en moto partis d'Alaska, et de Nicolas Hulot. "Es un moda", me dit l'hôtelier. Au delà du Détroit de Magellan, l'île de Tierra del Fuego n'est pas joignable par la route, il faut passer par le Chili, mais pourtant l'endroit est devenu très touristique, il y a + en + de monde chaque année. Notre avion arrive au dessus d'Ushuaia en fin de journée, le vent est tombé et survole un paysage mélangé d'Alpes et de Scandinavie avec des ciels superbes On domine une guirlande de cols enneigés qui dégringolent en désordre jusqu'au Canal de Beagle, du nom du bateau de Darwin. Les maisons au toit de zinc sont échelonnées en gradin sur le Cerro Martial et offrent différentes couleurs qui se mélangent au bleu glacé. On voit de notre catamaran 2 familles de baleines (si si, bon c'était fugace, seulement leur dos et des jets d'eau), des lions de mer, des colonies de pingouins et de cormorans. Dans le Parc de Tierra del Fuego, les arbres morts fatigués par le vent menacent de tomber sur notre tête, la cordillère se transforme en une multitude de lacs bordés de forêts épaisses.

Tintin chez les pingouins, 20 mars 2004.

Le Périto Moreno , le mythique glacier de Patagonie qui m'a valu ce voyage dans le sud. Une gigantesque muraille de glace cristallisée, 5 km de long, 40 km de profondeur, 60 m de haut, qui avance de 2 mètres par an, l'amenant à obstruer un canal entre 2 lacs. La pression de l'eau sur ce barrage naturel se fait alors si forte qu'elle finit par le forcer dans un cataclysme de glace. C'est ce qui s'est passé il y a une semaine et ne c'était plus produit depuis 1988. Une énorme tranche s'est détachée, le pont de glace s'est effondré. 10.000 personnes, la BBC, ... assistaient à l'évènement. A le longer en bateau ou à pied, on est gorgé de la beauté de cette immense galette meringuée répandue depuis les montagnes, par ses palettes de turquoises, les grandes colonnes bleu pâle, la lumière fluorescente qui surgit des failles. Régulièrement un pan se détache, une cavalcade de blocs de glace tombe dans l'eau laiteuse avec un bruit d'avalanche. On part le 2e jour sur la partie nord du Lac Argentino, voir le Glacier Upsala. A côté de nous, des iceberg aux formes découpées. Une espèce de grotte éclairée par une lumière qui semble venir de l'intérieur. Des glaçons couleur curaçao. Le glacier Upsala est 2 x plus haut que le Périto Moreno. Une merveille de la nature! Pour les excursions: A El Calafate, Albergue del Glaciar, http://www.glaciar.com/, j'y ai bu qq bières avec Greg de Yassalaba.com Pour dormir: A El Calafate: Auberge de jeunesse America del Sur, superbe vue sur le lac, accueil incroyable, excellente musique Pour rêver avec une vue animée des glaciers, le site de l'Hosteria Los Notros http://www.losnotros.com/   Kika, 26 mars 2004.