Les poules-rapaces
Kristi et le
chauffeur
Pause
tsampa, le plein d'énergie
5359m, les 2 Tibétains,
le moine et le Ladakhi.
©
Photo
de Kristi |
Note 101 La route Manali-Leh:
20 heures de jeep
23.05.07
Manali-Leh Depuis mon arrivée en Inde, je suis branchée
sur les infos (http://leh.nic.in/)
surveillant la réouverture de la route Manali-Leh qui n'est
accessible que 4 mois par an. Finalement, le "Road status"
passe au vert le 19 mai, la neige vient d'être déblayée par
les militaires au Rothang Pass
(3950 m).
Le trajet de 450km va être aussi
chaotique que fantastique. Les bus n'ont pas encore repris
du service et il faut "chartériser" une jeep. En principe,
on devrait être 6 et le départ à 1.30h du mat.
Mais je vais attendre 2h sous le petit temple à
Vashit (Manali) invoquant Shiva et Bouddha de m'envoyer mon véhicule et lorsque mes voeux sont enfin exaucés, on
est à 10 + le chauffeur (3 à l'avant, 4 au milieu, 4 dans le
coffre), Kristi et moi avons le même siège n°3 et mon sac à
dos doit être embarqué sur une autre jeep.
En fait, c'est la
grande transhumance des vendeurs qui suivent les touristes
et qui ont quitté le Népal où la mousson a commencé, pour le
Ladakh où la haute saison va débuter. Il y a 2 Népalais,
peintres de thangkas, 2 Tibétains marchands de
bibeloterie, un Ladakhi qui retourne chez lui, un Lahul
costaud, un
jeune moine qui porte un pantalon Lacoste à carreaux, une
veste de polo et des lunettes de soleil (les Lamas ne sont
pas comme on se les imagine!), une Américaine, Kristi, qui a
travaillé 7 ans en Corée du Sud et un Français. Et le fait
d'être comprimés pendant 20 heures dans une boîte en fer
(enfer? - non pas jusque là ...), va faire qu'on va rester
proches un peu plus longtemps que pendant ces 20 heures de
crapahutage. Et on sera encore 2 de plus.
Après 50km, le chauffeur
freine, réveillant brusquement les somnolents, pour
embarquer 2 poules aussi blanches que la neige dans laquelle
elles se gèlent les pattes et avec un bec et des ongles si
crochus que j'ai des doutes sur leurs origines.
Je suis presque contente
de ne pas dormir pour les visions à couper le souffle qui
défilent par la fenêtre. Je guette les "cheminées de fées"
formées d'épaisses couches de cendre pétrifiées et ciselées
par l'érosion comme si j'allais y trouver des habitations,
des géants ou le léopard des neiges, .... Les chances de
croiser l'inhabituel, l'inattendu ou l'insolite me semblent
décuplées dans des espaces aussi décalés.
Et dans la collection des
"La" cad des cols monumentaux qui défient les records
de hauteur, j'ajoute le
Tanglang La à 5359m. Cette route
Manali-Leh est bien connue des voyageurs comme celle où on
est malade. C'est là haut que j'ai ressenti les symptômes
du mal d'altitude le + fort durant mon voyage; un gros mal de tête, un barbouillement qui me soulève le coeur aussi haut que les
montagnes environnantes, et une énorme envie de redescendre
au + vite. Même l'intensité du soleil déclinant sur le point
culminant de cette traversée ne parvient pas à me motiver à
le mettre en boîte.
Le chauffeur est aussi pris d'AMS (Accurate
Mountains Sickness). Il commence à se frapper la tête avec
ses poings, il s'en prend soudainement à son voisin qui
s'endort mollement sur son épaule. Je maudis les unions de
taxis qui le font conduire pendant 20h de suite, sans un
arrêt pour une nuit de bivouac. Finalement, les aspirines,
les stops répétés et la descente le retapent et nous
arrivons aux portes de Leh vers 22.30h. Je devrais encore
attendre 1h pour récupérer mon sac à dos ... ou vivre
dans un minimalisme bouddhiste.
"Om mani padme hum" L'Himalaya, absolu
de difficulté mais aussi de spiritualité, de sérénité,
d'harmonie. En tout cas, un Himalaya à la mesure de mes
rêves! A suivre ...
Pour préparer son
échappée au Ladakh:
http://www.leh-ladakh.com/ et
http://leh.nic.in/.
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