Dans lequel il est prouvé que Philleas Fogg n'a rien gagné à faire ce tour du monde, si ce n'est le bonheur.
-  Jules Verne
 
     
     Le projet  ¦   Amérique    ¦    Notes Asie    ¦    Qui je suis    ¦      Contact    ¦   Livres de route  ¦  Liens  

 

Notes d'Asie

¤ Itinéraire

¤ News

Carte Inde

 
Notes Inde

 

 

"Ils me disent que l'Inde est un pays sous développé. Au contraire, c'est une nation hautement développée dans un état de décadence avancée." Shashi Tharoor, Le Grand Roman Indien.

Note 57 Inde/Calcutta-Kolkata Misère dans un jardin anglais

28.11.04 L'Inde. Pour le meilleur et pour le pire. 

Mail à Béné J - 21: Je marche et je t’écris en pensée. D’abord, c’est fascinant, ce sont des flash de couleurs, le chaos des piétons, rickshaws, des retours dans le temps, j’ai vu le Gange, le Marché aux fleurs, Howrah Bridge, l’université de Calcutta, le Mémorial Victoria, le mouroir de Mère Teresa. Mais aussi cela me pompe toute mon énergie. Je sors et après 2 heures entre ordures, chiens galeux, mouches collantes, corbacs menaçants, je saute dans un taxi. Souvent, il n’y a que des hommes, ils ont tendance à me toucher, en général ils me cognent comme par inadvertance, hier, c’était franco la main aux fesses. Je me réfugie dans mon hôtel so british, le Fairlawn Hotel. On partage les repas avec des Anglais tout droit sortis d'un film de James Ivory, deux vieilles dames distinguées du Dorset avec des bagues à brillants et un couple de musiciens londoniens qui a joué en 77 à Katmandou et qui reviennent de 15 jours de trek dans le Sikkim. J’aime cette ambiance de naphtaline, d’humour décalé, de toutes ces histoires que les personnes d’un certain âge ont accumulées. Et je replonge dans la rue, par curiosité, par désir de voir plus, par fascination des couleurs et du chaos. Biz. C. 

Imaginez votre maison entière dans la rue. Le toit, ce sont des sacs plastics tendus, la mère balaie le pas de pas-de-porte, les enfants et le père dorment à moitié nus à même le trottoir. La sdb, c'est la bouche d'eau la + proche, on se savonne un petit coup sous le lungui, on se lave les dents, on fait tremper ses pieds dans l'égout, au milieu des chèvres qui viennent y tremper la langue. La cuisine, un feu qui mijote où on prépare son pas-de-nourriture.

Je retrouve Hubert (Mongolie-Pékin) à Calcutta, il arrive de Darjeeling et du Népal. Il parcourt l'Inde dans le sens des aiguilles d'une montre et moi dans le sens contraire. On se rencontrera peut être à 6 heures.

Fairlawn Hotel Room 11 Une enclave victorienne aux lourds rideaux dans laquelle s'amoncellent des bibeloteries depuis 1936 et où a séjourné l'équipe de la "Cité de la Joie" pendant le tournage.

Indian Coffee-House La cantine des étudiants dans le quartier universitaire. On se partage des tables dans une immense salle sous le portrait de Rabindranath Tagore, poète, écrivain. Je trempe mes pakoras (beignets de légumes) dans la sauce piquante (3 piments à l'Indien du coin) en regardant les couples assis en face l'un de l'autre, pas l'un à côté de l'autre, tour à tour, ils se donnent des ptits coups de pieds en pouffant comme des ados puis se taisent en pianotant les yeux baissés sur leur mobile.


Note 58 Inde/Orissa

L'Orissa, des plages immenses qui bordent le Golfe du Bengale. 

02.12.04 Les trains indiens. Prenez le temps, voyagez sans horaire... 7 heures de retard. Calcutta - Bhubaneshwar, le Puri Express (?) 440km - 15 h, moins de 30 km/h. Voyagez allégé... on ne retrouve pas à chaque coup tous ces nic-nacs, les locaux avertis sont équipés de chaînes et de cadenas. Les Indiens ne sont pas partageurs comme les Chinois ou les Mongols (faut dire que les guides indiquent de ne pas accepter la nourriture dans lequel pourraient être mélangées des substances qui vous enverraient tout droit chez Morphée). Et je suspecte le lobby des wagons-restaurants de causer ces multiples délais pour qu'affamés, on finisse par liquider leurs pains aux oeufs ou vegetable cutlets réchauffés, leur chai au prix exorbitant (bien que très relatif, 60x < le prix d'un thé de la Rue de Buci à Paris).

Un Frère membre d'une ONG me propose d'accompagner un de ses collègues sur le chemin de Konark (66 km) "en jeep, comme cela vous rattraperez une partie du temps perdu". Le boy et le boss n'échangent pas un mot de la route. Ils me déposent à un bus hyper bondé et exigent que j'ai une place assise. Oui Oui, leur répond-t-on. Mais quand? Je suis debout, écrasée, compressée, pelotée. 

A Konark on célèbre le Festival de la danse du 1er au 5 décembre. Un moment de grâce loin de la tension de Calcutta, un atrium à ciel ouvert avec en décor de fond le Temple du Soleil, un des + beaux de l'Inde. Un Festival plein d'émotions, où les danseurs et les musiciens sont adulés. Je suis logée dans un hôtel d'état, une splendeur d'antan du le Corbusier local laissée à l'abandon, la peinture floque, les robinets coulent, les draps sont tâchés, mais il reste qq bois autour du lit qui a dû être à baldaquins un jour.

3615 Code Temple du Soleil. Patrimoine Unesco, couvert de figurines oléolé-goriques. Bien + coquin que le très méthodique Kama Sutra. Pas de censure. Pas de codage Canal +. Mon guide débite " Here, reverse sex, here two women and a man, two men and a woman, here, group sex, here turlute..."  c'est  bon pour augmenter la fréquentation du website un peu en baisse ces derniers temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Note 59 Inde/Vanarasi Six Feet Under

05.12.04 Bénarès-Vanarasi est un endroit incroyable, comme je n'en ai vu nulle part ailleurs dans le monde. Entouré d'une aura mystique. L'antichambre de l'au-delà. Le Gange symbolise les cheveux de Shiva et a une fonction purificatrice. Les gens viennent y mourir. Se faire incinérer à Bénarès, c'est rompre le cycle des réincarnations et accéder au Nirvana.

On côtoie la mort au coin de la rue, on se fait bousculer par la grande faucheuse, enveloppée d'un tissus blanc et de papiers orangés, recouverte de colliers de fleurs. Le corps est plongé dans l'eau du Gange, puis déposé sur le bûcher. Ici, c'est business as usual. Les crémations se font en plein air devant les touristes effarés dans une odeur mélangée de santal et de chairs brûlées.

Ensuite, il y a les ghâts dans la lumière brumeuse du petit matin qui rend l'atmosphère encore + irréelle, ces escaliers de granit qui longent le Gange sur des km et que descendent des milliers d'Indiens. On vient rituellement se purifier, prononcer le mantra sacré, s'immerger complètement trois x de suite et boire une gorgée d'eau dans sa main, se savonner, nager, prier, faire l'aumône aux sadhus, se raser (les femmes pèlerins font don de leurs cheveux au fleuve), se laver les dents avec un bout de bois, jouer de la musique, pratiquer le yoga, canoter en barque, faire voler des cerfs-volants, se marier ... On y entend pêle-mêle de la musique pop hindi, le bruit des conques et des cloches agitées lors des prières. Et en toile de fonds, les palais décatis des Maharadjahs, qui venaient à Bénarès attendre la mort. 

J'ai la chance d'être invitée à un mariage et de rester pour le buffet. La mariée est vêtue d'un sari rouge brodé de fils d'or, les mains et les pieds passés au henné, ses yeux cernés de khôl restent baissés, son visage, ses cheveux sont parés de bijoux, de piercing dans le nez, dans les lèvres. L'époux enturbanné pavoise de ce mariage (bien) arrangé.

Yogi Lodge L'Inde, c'est une chose et son contraire. Beau et cradopoulos. Un lacis de ruelles étroites, des rigoles comme ils disent ici, jonchées d'immondices en décomposition, de bouses d'énormes vaches sacrées, de crottes humaines, des singes pelés, des souris écrasées, une puanteur insupportable.

Et jamais un moment pour moi, tous les jours je rencontre des gens. Tellement prévenants, tout est à la demande ou plutôt à l'offre, un rickshaw, de la soie de Bénarès, une roupie aux mendiants pour un bon karma, un bateau pour me balader sur le Gange, même les vaches je les entends encore dire BAAAAAAUUUUUTTTTE. Et les enfants, si jeunes et déjà dans le bizness, et si prompts dans les pourparlers que je les retrouve les mains dans mon sac.

Pour dormir: Ganpati GH, un hôtel avec de belles terrasses qui donnent sur le Gange.

Catherine, le 14 décembre 2004.


 

Note 60 Rajasthan/ Luxe & volupté, qui a dit calme?

 

19.12.04 au 4.1.05 Béné est ma cousine et mon amie d'enfance. Chacha est sa fille de 10 ans et un peu la mienne lors de ce voyage pour les Indiens qui confondent. On rêvait de se retrouver et faire ensemble un ptit bout de route, on décomptait les jours et nous voilou traversant les décors magiques du Rajasthan.

 

Ganesh, Brahma, Shiva, Vishnu, Krishna,... ont veillé sur nous, nous étions loin des plages indiennes ravagées par la folie dévastatrice du tsunami. Ce sont les messages de chez vous qui nous ont appris la catastrophe. Le 26 décembre, nous étions dans un petit village éloigné de tout, complètement déconnectées des sinistres niouses. 

 

On a profité de chaque nanosecondes passées ensemble, parlé du matin jusqu’au soir, traversé les villes dorée, bleue, blanche et rose de Jaisalmer, Jodphur, Udaipur et Jaipur et avons craqué comme des midinettes devant la beauté romantique du Taj Mahal. On n’a pas vu le temps passer et on s’est retrouvées en 2005... On a adoré ce trip de princesses indiennes chez les Rajpoutes dans notre "mamamobile" avec chauffeur. A suivre... 

 

 

 


 


19.12.04 23.00h Delhi Airport Heures Indoues C'est une longue histoire, qui a débuté par une tentative de retrouvailles à Quito (en Equateur) et en Patagonie (Argentine), et cette fois, c'est la bonne ... En Inde et avec Chacha, on métamorphose ce projet en réalité. Ce n'est pas sans un certain stress... c'est le pays le + dur de mon parcours, de + avec un petite fille de 10 ans ... Et pourtant,... Tout commence avec l'avion Air France qui est en avance, malgré le brouillard qui enveloppe Delhi matin et soir. C'est sûrement une des rares villes où les avions décollent et atterrissent toute la nuit (un truc qui ferait tomber le gouvernement belge). Hotel Prince Polonia ch 305 On se retrouve dans une ambiance survoltée, cela semble des années lumières qu'on ne s'est pas vues. Les Mères Noël déballent leur manne de cadeaux, des livres, une bouteille de mon parfum préféré, deux plaques de chocolat noir Côte d'Or, ... 2hmat, Chacha et moi nous nous glissons sous la couverture tigrée. Mais la petite-fille-chauffage rejoint Béné sur le matelas par terre où elle se colle instinctivement à sa mère.

20.12.04 Mandawa  Merci Baldev notre chauffeur qui nous a sauvées des ravages de la route et ramenées entières à Delhi. On est installées toutes les 3 à l'arrière comme des princesses dans notre "mamamobile" (derrière les vitres, on se sent protégées comme dans la papamobile "version fille"), une Ambassador, un produit Indo-indien, démodée même neuve, avec un châssis de tank, pas de direction assistée ni aucun des joujoux modernes. Mais sur des routes indiennes dans des conditions indiennes, on préfère aussi une Ambassador. Mandawa haveli ch Gopesh 1ère étape: la région du Shekawati, une galerie d'art en plein air. Les havelis, les maisons des commerçants blindés de tunes, sont peintes de fresques de bas en haut à Mandawa. Bcp sont abandonnés, certains sont reconvertis en hôtels. Nous avons une chambre de conte des 1001 nuits, avec un patio privé, des niches et alcôves, des mosaïques de mini miroirs, de petites ouvertures avec des portes en bois ciselées qui donnent sur la rue et de la lecture plein les murs. On savoure notre 1er thali dans la chambre, le "plat du jour" composé de différentes sortes de curry de légumes, un dal (lentilles), du fromage blanc, une salade, du riz, des rotis (pains), et c'est à volonté. La nuit est courte, à 4hmat, les muezzin commencent à prier, les bus jouent du klaxon digne de la fanfare royale. Et je l'ai testé pour vous, dans les palaces, les marches sont irrégulières. D’abord rapprochées pour que les voleurs qui partent en courant prennent confiance, elles deviennent de + en + larges et irrégulières et si ils ont tenu jusque là, il y a une dernière planche-attrape, et patatra c’est la chute ... et pour moi aussi avec mon magot sur le dos et les 2 chevilles tordues. Mais je suis costaude, me-le-répète-je en boucle, et j'ai une béquille, Chacha.

21.12.04 Bikaner Lors de la visite du Fort, on voit une curieuse cuillère remonte-moustache de Rajpoutes pour éviter que les poils ne pendouillent dans la soupe, des Delft de Hollande, du marbre de Carrare, une pièce avec des nuages et un système qui faisait couler la pluie le long des murs pour que les enfants du Maharaja puissent la découvrir en plein désert ET une spécialité bien belge qui n'est pas la pluie, ni le chocolat, ni la bière, ni les frites ... mais quoi? 

> Jeu-concours - de 15 ans pour gagner une boule qui neige avec le Taj Mahal: Quelle est donc la spécialité belge que l'on retrouve dans les palaces des Maharajas?

La route vers Jaisalmer devient de + en + désertique, on se croirait en Afrique. Le Rajasthan est très touristique, dit-on, mais cela laisse indifférents les caravanes tirées par des chameaux ou par les bœufs, les femmes en sari pétant de couleurs portant en équilibre sur leur tête des ballots fluos, rebaptisées les "fraises", les "citrouilles", les "aubergines", les "pommes" selon la couleur, les tracteurs "éléphant" overchargés et les paons (peacocks) en liberté.

22.12.04 Jaisalmer Ratan Palace/ Renuka 
Mail Béné 22.12.04 Coucou vous tous,
bon d abord c est un clavier qweertyuiop donc des fotes pas d accents ni de ponctuation ... le cibercafe est a cote de notre hotel charlotte et en train de chatter avec ses copines de classe catherine se repose dans la chambre de notre palace ... tout va bien c est le depaysement total au moment ou je vous ecris passent dans la rue 10 vaches sacrees 3 cochons 2 anes des poules des tucktuck des indiennes en sari multicolores des enfants pet nus   
nous logeons ce soir a jaisalmer a la frontiere pakistanaise  333 km en ambassador notre voiture conduite par balder notre chauffeur 333 km a une moyenne de 40 km ca fait donc 9 heures passees en voiture 9 heures qui paraissent 10 minutes tellement nous avons de choses a nous raconter et a voir sur la route entre une circulation de fou coup de klaxon a tout bout de champ ls tucktuck qui depqssent et passent partout les vaches et les chiens qui traversent n importe ou (ah oui ici on roule a gauche ) les embouteillages de chameaux de chevres de moutons les ecureuils les paons les perruches vertes fluos et meme tout a l heure en traversant le desert une antilope les echoppes de fruits et legumes les indiennes souriantes et si belles les indiens trop heureux de se faire photographier et d se voir dans l ecran de l appareil photo  
nous mangeons dans des petits resto renseignes par le routard ou le lonelyplanet ce soir par exemple sur l;a terrasse de l hotel avec vue sur le fort eclaire pour 190 roupies pour nous 3 1 roupie est egale a un peu moins de 1 franc belge (vous savez ce qu il y avait avant l euro...)  
nous avons loge dans une magnifique favela a mandawa je fais d abord le tour de la salle de bain pour verifier qu il n y a pas de geko (petit lezard qui mange les moustiques) et dont charlotte a horreur elle ne sait pas qu on risque d en voir et je prefere eviter un drame jusqu a present il n y en a pas et il n y a pas non plus de serpent pour le moment good new s pour moi  
je pensais vous envoyer des photos mais les ordi sont tres lents mais nous sommes tres heureuses d en trouver donc pqs de photo faudra attendre mon retour  
j ai bon super bon vraiment bon je vais passer 15 jours avec le meme pull car il ne fait pas tres chaud mais qu est ce que ca m est egal  
je vous embrasse tous je vous souhaite un super joyeux noel et vous donne rendez vous en 2005 pour de nouvelles aventures  
gros gros bisous  Bene

24.12.04 Jodhpur Lu dans Voici: les Maharajas (Rois à moustache) étaient 435. Ils gouvernaient des Etats indépendants et en bons hédonistes passaient la plupart de leur temps à voyager accompagnés de leurs nombreuses concubines et domestiques. Ils jouaient au polo, aux courses, roulaient en Rolls ou en MG décapotable (Béné était maharani dans une autre vie) et descendaient dans les hôtels les + prestigieux d'Europe et d'Amérique. Les fiefs rajpoutes (avant le Rajasthan et non une insulte espagnole) ont été intégrés progressivement et puis définitivement lorsque l'Inde devint indépendante de l'Angleterre (1947). Les Rajas ont alors perdu leurs privilèges mais ont gardé leur titre et leur palace. Certains ont transformé leurs palais, le 1er étant le Maharaja d'Udaipur qui a converti le Lake Palace en hôtel de luxe, celui où séjourne James Bond dans Octopussy.

Dans la ville bleue et du pantalon cuisse de cheval, on visite le Fort encore habité par Raja de Jodhpur. Le portable sonne c'est Philippe, ce sont les préparatifs de Noël, la dinde, champagne, routes glissantes ... cela semble très loin. ChaCha a qq larmes en entendant son papa de l'au-delà.

Noël Luni Village Fort Chanwa: MERCI les filles, je n'oublierai jamais ce Noël, loin de chez nous mais tout près de vous. A 40 Km au sud de Jodhpur, au cœur d'un petit village, un manoir qui appartient au cousin du Maharaja de Jodhpur. On ouvre la lourde porte en bois pour nous et c'est la magie de nowwweeel, nowwwweeel,... des guirlandes partout plein les arbres, de bons feux de bois,... Notre chambre donne sur le jardin intérieur et est décorée par les artisans locaux. Au mur les photos des princes de la famille. On nous apporte des extra couvertures et des bouillottes. Il fait nordique la nuit, il y a un sapin et un buffet de Noël, c'est "comme à la maison". On choisit qq plats dans le buffet de nabab, une soupe aux amandes, du poulet tikka, du palak paneer (curry d'épinards et fromage blanc), 3 sortes de naan (pain rond) typiquement rajasthanis et des desserts comme des éponges baignant dans le miel délicieusement sucrés ainsi que des carottes confites à la cardamome et un verre de vin rouge (même si on est en Inde, c'est Soirée Exception...). Le 25, relaxation près de la piscine et un tour des 4 rues du village vishnoï, les 1ers écolos.

26.12.04 Ranakpur La religion des Jaïn leur interdit de tuer les animaux. Ils sont curieux, marchant le long de la route. Ils ne prennent pas les transports motorisés pour ne pas écraser d'insectes et portent un masque devant la bouche de peur d'avaler une mouchette. Le temple de Ranakpur est un temple jaïn. Pour y entrer, on doit laisser ses objets en cuir (peau de bête morte=interdit) à l'entrée. C'est une merveille de raffinement où la lumière se glisse entre les 1444 colonnes toutes différentes, aux contours ciselés. C'est congé, les Indiens sont venus en famille nombreux visiter le temple. On observe des Indiennes qui essayent de passer sous les pattes d'un éléphant de marbre, se tordant sur le sol dans tous les sens entre les pattes arrière et les pattes avant. On ne connaît pas la signification du rituel porte-bonheur mais elles éclatent de rire quand elles y parviennent. A défaut, elles seront au régime slim-fast pour 2005? Béné est passée haut la main.

Notre reporter animalier, Béné, est aux anges, on voit des nuages de perruches vertes et des familles singe, leurs petits attachés sur le ventre. La route se faufile entre les monts Arawelli. C'est un voyage dans l'espace, un spectacle permanent de scènes de vie et aussi un voyage dans le temps avec les bœufs aux cornes peintes qui font tourner les roues pour remonter l'eau, les femmes qui travaillent avec leur plateau sur la tête pendant que les hommes en turbans discutent le coup à l'ombre de l'arbre du village. Des petits roulent sur des vélos de grands, d'un côté, en passant une jambe à travers le cadre. On arrive à Udaipur la nuit tombée, beaucoup de véhicules n'utilisent pas leurs phares. Le portable sonne en entrant dans la ville, Philippe a tenté de nous joindre toute la journée pour avoir des nouvelles rassurantes de notre part après que les vagues tueuses du tsunami aient ravagé les rives de l'Océan Indien. A son inquiétude, on comprend que quelque chose de très grave s'est passé.

27.12.04 Udaipur A Kunming (Chine), un Anglais voyageur m'avait dit: A Udaipur, il faut loger au Dream Haeven et demander une chambre à l'arrière avec la vue sur le lac. Le paradis de nos rêves est complet et le lac d'Udaipur est en grande partie à sec, ce qui enlève de sa magie à la ville blanche. On peut aller à pied au Lake Palace Hotel (celui de James Bond, tout en marbre blanc), qui ressemble à un bateau échoué jusqu'à la prochaine mousson. La vieille ville conserve cependant une atmosphère royale avec le + grand palais du Rajasthan, 250 m de long, le City Palace. Notre hôtel, le Lakeshore, ne nous déçoit pas, pas de petites bêtes, des western toilets pour Chacha, il est peint en bleu et jaune, les fenêtres donnent sur les ghats (escaliers) de l'autre rive. Et le soir on squatte la terrasse du resto sur le toit du Dream Heaven d'où on contemple les feux d'artifice.

La famille One Roupie : Nous ne pouvons pas nous déplacer sans qu'une grappe d'enfants nous suive. Ils glissent devant nous … Hello, ils nous serrent la main en disant spontanément One Roupie. On rit avec eux … Nice to meet you One roupie …. Ils ont aussi des frères One pen, des cousins One school pen et une filière One chocolate….

28.12.04 Bundi Nous dormons chez des brahmanes, la caste la + élevée d'Inde (système hiérarchique social hindou contre lequel Gandhi s'est opposé). Haveli Braj Bhushanjee Notre chambre a vue sur le Fort que nous n'atteindrons jamais... Nous partons dans la rue, mais on s'arrête vite touchées par l'instantanéité des images et les sensations qui nous sont offertes, les enfants nous invitent dans leur maison, des indiens apprennent des tours de magie à Béné, un peintre dessine des miniatures sur nos ongles éléphant, paon, tigre, on assiste à la négociation de l'argent dans des boutiques-armoire, on voit des trucs bizarros, chèvres habillées en veston burberry, vaches qui se nourrissent de cerfs-volants trouvés par terre, un petit orchestre d'instruments à vent répète sous le tempo d'un harmonium, partout de petit temples et des potales, on photographie le marché, les scènes de rues, des fillettes aux yeux verts, Béné est sous le charme de 2 petits vieux vendeurs de fleurs, des femmes rient aux éclats, des hommes enturbannés posent, ... Rarement, on a été accueillies avec une telle gentillesse, qui s'est exprimée à Bundi sans retenue et sans calcul. Le soir, nous mangeons dans un boui boui du marché des masala dosa (grandes crêpes frites et fourrées), des jus de fruits ou légumes frais et nous essayons un raita (fromage blanc) avec du maïs soufflé différent de ceux qu'on aime tant, les salés. Et en revenant du marché, les sans logis nombreux sont couchés sous des couvertures sur les trottoirs qui leur servent de dortoirs. Et ces images là sont insupportables. Mais où est-ce que ça a foiré, Ghandi?

Béné a envoyé nos photos chez les brahmanes pour qu'ils les distribuent à nos amis de Bundi... A suivre.

Goa, le 21.01.05


 

 

 

 

> Notes Inde (suite)

30.12.04 Pushkar Les touristes indiens et étrangers se mélangent autour du lac sacré, situé à l'emplacement où Brahma aurait laissé tomber une fleur de lotus, et des maisons blanchies à la chaux. Dans ce refuge hippie, shop shop shop, on chine des perles de couleurs, des pigments pour faire des bindis (le point entre les 2 yeux), des tuniques indiennes pour zêtràlamode, des bagues, des parfums, de l'encens, on fait faire des vestes en 2 heures tréé jôôôôôôôlies, madame, et le plein de cadeaux. Et dans la rue piétonne, des marchands ambulants font griller des toasts qu'on déguste avec du Nutella sur des chaises en plastic en regardant les babas de tout poil, sadhus et autres 68ards chevelus. Etrange étrange, un cadavre à peine couvert est porté sur un brancard par un cortège d'hommes chantant et criant et dont le dernier tient la paille pour allumer le bûcher. Surprise surprise, un cobra sortant de son panier en osier au son de la flûte d'un charmeur de serpent fait courir Béné jusqu'à la voiture.
 
In Seventh Heaven Le choix de Charlotte. meditate, vegetate, levitate, on est au 7e ciel. Notre meilleur rapport qualité-prix, 7 € pour nous 3/nuit. 

31.12.04 Jaipur Nouvel an à Jaipur, la ville rose, couleur de l'hospitalité. Diggi Palace On termine l'année 2004 dans un palais pour routards avec de grandes tables pour un buffet, des danses, un feu d'artifices. Et, magie des fêtes, à notre table, 2 petites globe-trotteuses de Bruxelles et leurs parents belgo-indonésiens. Et c'est génial pour Charlotte de ne pas être seule, de montrer son carnet de voyage rempli jour après jour de dessins, souvenirs, bricolages, notes. Et pour nous de l'écouter raconter avec ses mots d'enfant, ses visions d'enfant, ce pays qui ne laisse pas indifférent ...
 

01.01.05 Jaipur Si on manque de temps pour pourchasser le tigre au Ranthambore NP ou observer les oiseaux à Bharatbur, on ne peut pas venir en Inde sans faire une ballade à dos d'éléphant. Pour le 1er de l'an, on a grimpé jusqu'au Fort d'Amber balancées dans une nacelle de sultanes d'un éléphant tout peinturluré de cœurs de couleur. Jaipur, chaotique, poussiéreuse, polluée, embouteillée, la capitale du Rajasthan n'a pas tjrs bonne réputation et pourtant sa richesse est impressionnante: le City Palace, palais du Maharaja actuel, l'observatoire abstrait et futuriste avec un cadran solaire géant et un astrolabe, et le Palais des vents, pas + large qu'un décor carton-pâte de théâtre d'où les femmes du harem observaient la rue à l'abri des regards. Le Palais des Vents est à contre-jour et un bijou-wallah (commerçant) nous invite sur son toit-terrasse pour de meilleures photos.

Jaipur-Agra-Delhi On se croirait dans un jeu de course-collision où on doit éviter les obstacles qui se précipitent sur nous. On est sur une route rapide, on slalome entre les (sacrées) vaches qui traversent la route à la vitesse d’escargots rhumatisants, les motos dopées à 3, 4, 5 jusqu’à 6 passagers (record à Pushkar), les camions arrivant en sens inverse, le sigle TATA est sous nos yeux, si cela continue on va l’avoir tatoué sur le front, avec les poils de moustache du chauffeur, les breloques de Shiva, les fanions de tissus grigri, les sigles (croix gammée à l'envers), les guirlandes porte bonheur-piments et citrons .... et pourtant 4 camions renversés entre Jaipur et Agra, des camions beaucoup trop lourds, transportant bcp + que les règlements ne les y autorisent. On ne compte plus les sssccchhhhfffff dans la voiture.

02.01.05 Agra LE Taj Mahal: l'aboutissement d'un rêve vieux de 22 ans pour Béné... qui a trouvé une phrase de Mircea Eliade (L'Inde 1988) qui dit si bien ce qu'elle ressent "Je caresse les murs en marbre blanc et ressens comme une volupté mais aussi comme une tristesse de l'avoir vu. Du coup le monde m'est plus pauvre, amoindri encore d'une surprise ... stupides réflexions sans doute inspirées seulement par la fatigue".

Un mausolée construit à la taille d'un amour perdu. "Normal qu'il soit dans le brouillard" fait remarquer Charlotte, "il s'élève jusque dans les nuages".

03-04.01.05 Delhi  Retour à crazy Delhi après 2600 km d'envoûtement au cœur d'un conte des 1001 Nuits, d'une délirante opulence et d'un luxe accessible. Dernier coup d'adrénaline en vélo-rickshaw puis un moto-rickshaw dans les embouteillages. Derniers achats dans Main Bazaar à Panharganj. Dernier jour en flemmardant sous la couette en regardant MTV India, en se téléportant dans le clip de Rabbi, le Youssoun Dour indien, ou en se marrant devant un Bollywood où un moustachu accro de la lotion capillaire poursuit celle qu'il aime (mais qui est promise à un autre dans un mariage arrangé) en poussant la chansonnette. Dernière immersion totale dans le chaos des rues grouillantes en pleine manifestation sikh.

Et bien sûr, ce ne sont pas "les derniers", on prolonge ce plaisir ... en refaisant des projets, en se remémorant la couleur des saris, la main de la petite fille à Bundi, les odeurs, le goût du chaï et du thali, les meuuuuhhh des vaches sacrées, en faisant une pièce ashram avec tous les souvenirs... J'ai savouré cet immense bonheur de voyager avec vous, de partager toutes ces choses géniales. L'année 2005 a d'ores et déjà super bien commencé.

Pour un trip en Ambassador dans le Rajasthan: Kumar Taxi, Connaught Place, Bloc K, New Delhi (LP p.207)
A écouter: Rabbi, Ravi Shankar, Garbarek & Khan "Ragas & Sagas"
A lire: Le Grand Roman Indien de Shashi Tharoor, l'Emeute de Shashi Tharoor
A porter: un T-shirt tie & dye, création de Béné

Mercimercimercimerci à vous. Merci à Béné pour ses mails, sa créativité et ses photos qui se retrouvent dans cette note. Merci à Chacha pour qui j'ai adoré jouer les tantes indiennes. 

Cochin, le 5.2.2005


Copyright © 2004, Notes de route, All rights reserved